Chemin de traverse, je quitte la piste balisée pour un sentier blanc. L'objectif, Leica CL, 40 mm, le verre bombé parfait. La rétine photo sensible, mémoire brûlée aux sels d'argent encastrée, bien à l'abris dans la chambre noire. Souvenirs numérotés, 1 à 36, je grille la cartouche sans amorce. Je ne prends pas le temps, je l'imprime.
J'arpente des sentiers blancs immaculés. Les cristaux neigeux s'insinuent dans la toile, complice du froid, coupant après quelques minutes de marche la circulation du sang dans mes orteils.
J'appartient aux arbres, je respire, expulse la chaleur de ma chair dans une vapeur pâle. Depuis combien de temps n'ai-je pas été en vie ?
Le froid, autour et dedans, sur les tempes et les pommettes, caresse mon visage à l'ombres des pins que des amas de neiges arquent mollement.
Il y a un semblant de ville, des étoiles sans lune, des étoiles en tungstènes grossières et oranges. Je ne prends toujours pas la mesure du temps, simplement celle de la lumière, contrainte mécanique, salaire de peintre. La nuit chuchote les secondes, fractionne l'espace qui se réduit lentement.
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